Par Doudart de Lagrée, procureur général du roi en la chambre des comptes de Grenoble, 1778
Le Mandement de Chevrières, composé de paroisses et Communautés de Chevrières, Vilard, Beyssins et Saint-Appolinard, confine au midi le Mandement de Roybon, le chemin de l’Estra entre-deux, il était de l’ancien domaine Delphinal. Il ne parait pas qu’il y ait jamais eu aucune partie de la Forêt de Chambaran dans la dépendance de Chevrières : une procédure de l’an 1264, faites par les Commissaires du Dauphin, pour constater l’existence de ses droits et propriétés dans cette Terre, les énonce tous dans le plus grand détail, on n’y omet pas trois sétérées de terre que le Dauphin y possédait en propriété ; et il n’y est pas dit un mot de cette Forêt ; il n’en est pas plus fait mention dans tous les anciens comptes de cette Châtellenie, ni dans aucun des actes la concernant, qui sont aux Archives de la Chambre des Comptes de Grenoble ; d’où l’on peut conclure qu’il n’y avait sur le territoire de Chevrières aucune portion de cette Forêt, qui se terminait dans cette partie, comme le Mandement de Roybon, au chemin de l’Estra.
Mais y en eût-il eu quelque portion sur la Terre de Chevrières, elle serait encore sortie du domaine Delphinal, par le traité intervenu entre le Roi Charles VII, et Jean et Louis de Poitiers, frères, le 24 juillet 1426.
Par cet acte, les Poitiers, cousins de derniers Comtes de valentinois, cédèrent au Roi tous les droits et prétentions qu’ils réclamaient sur ce Comté, en vertu de substitutions faites par leur ancêtres, au moyen de 5000 florins de revenu annuel et perpétuel, que le Roi promit d’assigner sur les terres y dénommées ; avec la clause expresse, que les édifices ne seraient comptés pour aucune valeur.
Il assigna par le même acte, entre autres Terres, en assiette perpétuelle, le Château de Chevrières, justice, Seigneurie, fruits, revenus, droits et appartenances, pour 429 florins 7 gros 1/3-¼
Le mot bois n’y est pas écrit ; mais outre que dans un pareil traité, où il fallut remettre plusieurs Terres, il n’est pas à présumer qu’on ai fait des réserves, vu même que par le traité il resta des sommes à payer, pour lesquelles on donna des Terres en simple gage jusqu’au parfait paiement ; le mot appartenances, emporte tout ce qui pouvait dépendre de la Terre et ce, avec d’autant plus de raison que les Terres abandonnées par les Poitiers, avaient des bois considérables, comme la forêt de Saou, celle d’Etoile et un grand nombre d’autres.
Nous avons donc en raison de dire qu’il n’y avait point de Chambaran sur Chevrières, et que s’il y en avait eu, il aurait été cédé avec la Terre de Chevriers par le traité de 1426.