Le rôle de la forêt est considérable pour les paysans sous l'Ancien Régime, avec divers droits d'usage, soumis aux usages locaux
Droit d'usage concédé, à l'origine, de la propre volonté du seigneur à une communauté d'habitants, l'autorisant à se servir du bois pour se chauffer. La plupart des coutumes limitent le droit de l'usager au bois mort, ou au bois vif des essences inférieures de la forêt. L'affouage peut aussi être le produit de la forêt de la communauté, destiné au chauffage est délivré aux habitants. La forêt, qui fournit l'affouage, s'appelle souvent la fourasse.
Le mot "affouage" date du XIIIe siècle et vient du verbe d'ancien français "affouer" = chauffer, lui même du latin "affocare". Plus d'informations sur Wikipedia
Droit, pour un membre d'une communauté d'habitants, d'obtenir du bois de construction, appelé bois de marronnage ou de marnage, bois merrain ou merrien, destiné à la construction ou à la réparation des maisons (pièces de charpente,etc), haies, tonneaux. On parle aussi de droit d'outillage lorsque le bois est destiné à la réalisation d'outils.
Droit de faire pâturer le gros bétail en forêt. Les bovins étaient autorisés, plus rarement les moutons et les chèvres.
Le mot pacage, du Bas-latin, pascuaticus venant de pascuum (pâturage) et du verbe pascere (paître), désigne originellement en français les herbages sauvages ou adéquatement préparés où le paysan va nourrir et engraisser les bestiaux et éventuellement la volaille. Plus d'informations sur Wikipedia
C'est le droit de faire paître des porcs dans les forêts à la recherche de glands et faînes pendant une période déterminée, après évaluation de le production des chênes chaque année ; selon les régions, cela va du 8 septembre (Notre-Dame de septembre), du 29 septembre (Saint-Michel), ou du 1er octobre (saint Rémy) au 30 novembre (saint André), parfois au 1er février. Selon certaines coutumes, cette période est prolongée jusqu'au 23 avril (saint Georges): c'est le temps de recours, d'arrière-paisson ou d'arrière-panage. La redevance qui correspond à cet usage de première nécessité permet de faire des baux de glandée un placement assez important, dont les règles sont précisées par l'ordonnance de 1669, avec fixation du nombre maximum des porcs par les maîtres particuliers des eaux et forêts.
Panage dérive du latin populaire « pastonaticum », de « pastionem », paisson. Voir ce site.
Pour les bêtes à laine ou pour le gros bétail (pacage), pâture sur les friches, les bords des chemins, les bois de haute futaie, les bois taillis après 4 ou 5 ans, et sur les terres débarrassées des cultures. Chaque membre de la communauté d'habitants peut y envoyer ses bêtes sans frais, elle est réglée par les coutumes.
Autorisation de créer des palissades pour protéger les champs des bêtes fauves ou noires - les cervidés et les sangliers.
Droit de ramasser du miel, des fougères ou des fruits sauvages.
Autorisation d'exploiter la couche superficielle d'écorce sans endommager le cambium (partie de la sève qui, en se solidifiant, accroît la substance de l’écorce et du bois).
Autorisation de chasser les oiseaux de passage ou de réguler le nombre d'animaux sauvages quand ils concurrencent les animaux domestiques. D ès le XIVe siècle, la faune sauvage ayant fortement chuté, la chasse deviendra le privilège exclusif de la noblesse, ce qui n'empêchera pas le braconnage.
L'essartage est la suppression de l´état boisé par arrachage et brûlage des arbres et broussailles sur une surface donnée pour y faire une culture. Les essarts sont des lieux essartés, fréquents dans la toponymie française. Ce droit permettait d'essarter dans les coupes réalisées avant que les taillis ne reprennent.
II ne s'agissait pas d'un simple défrichement, mais plutôt de la mise en culture périodique, pour un an ou deux, d'une portion de terrain boisée ou broussailleuse, qui retournait à l'état de bois ou de bruyère. La pratique de l'essartage au bois résultait de la constatation que, après la coupe d'un taillis, il existait un terrain découvert qui, s'étant reposé au cours d'une vingtaine d'années, se prêtait aux semailles. Le sol devait cependant être préparé et, autant que possible, fumé. C'est ce qu'on arrivait à faire, sans aucun apport étranger, par la combustion des végétaux restés à la surface : herbages, ronces, brindilles.
Voir ce site.
Droit de ramasser l´ensemble des branches tombées au sol, parfois également les branches mortes encore sur l´arbre, jusqu´à environ 2 m. Le chablis (arbre tombé) ou un arbre mort était généralement d´abord exploité par le seigneur qui récupérait les meilleures parties. On parle de Droit aux rémanents pour le ramassage des branches, les souches, et tout ce qui restait après une coupe. On a aussi les droits d'ébranchage et d'éteulage.
Droit de ramasser le mort-bois, à savoir l´ensemble des arbustes et arbrisseaux présents dans une forêt et sans grande valeur économique (houx, sureau, saule, bourdaine, genévrier, aubépine, épines noires, genêts, ronces, aulnes, etc.). Mais même l´utilisation de cette maigre ressource était strictement réglementée.
A ces droits venait s'ajouter la possibilité d'exploiter argiles, sables, graviers, grès, minerais présents dans le sous-sol forestier, de récolter des mousses pour calfater les navires. Notons que le sable, en poches superficielles et les fougères entraient dans la fabrication du verre.
Enfin, rappelons que le charbon de bois est obtenu en carbonisant du bois de manière contrôlée en l'absence d'oxygène. Le procédé permet de retirer du bois, son humidité et toute matière végétale volatile afin de ne laisser que le carbone.
Citons également les droits d'usages non forestiers suivants :
Le chaumage, c'est l'action de couper le chaume, ou le temps auquel on le coupe (Dictionnaire de L'Académie française, Sixième édition, 1835). Le droit de chaumage c'était la liberté laissée aux pauvres dans les temps anciens de ramasser le chaume, c'est-à-dire les tiges du blé laissées par les moissonneurs. Comme le suggère le vers d'Ovide qui a indirectement inspiré les Googlers (De stipula grandis acervus erit), on pouvait encore en tirer une valeur, comme combustible, comme fourrage, et, évidemment comme couverture des toits : on connaît les fameuses chaumières, maisons aux toits de chaume réalisés par des chaumeurs (ou chaumiers). La profession s'est un peu perdue, mais il y a un regain d'intérêt pour ces superbes toitures à l'ancienne dans certaines régions, pour des raisons d'esthétique, d'harmonie avec l'environnement, et peut-être que le métier renaîtra (il y a même une Association Nationale des Couvreurs Chaumiers, basée à Evreux.
Droit de faire rouir le chanvre dans un étang ou une rivière
Illustrations
Ci-dessus : officiers des Eaux et Forêts surveillant le marquage d'une coupe, le martelage des fûts qui sert à indiquer les arbres à conserver.