Viriville

Par Doudart de Lagrée, procureur général du roi en la chambre des comptes de Grenoble, 1778

 

            La Terre de Viriville, qui joint celles de Montfalcon et de Roybon au ruisseau de Galaveison, est le premier confins au nord du Mandement de Roybon du côté du couchant ; elle ne fut jamais dans le patrimoine Delphinal, mais dans celui de la Maison de Bressieux : les anciens historiens de la Province l’attestent. Une Sentence arbitrale du 15 juin 1327 ne permet pas d’en douter : elle fut rendue entre Hugues de Bressieux, Seigneur de Viriville et Falcoz de Montchenu, Seigneur de Thodure. Elle dispose que les Habitants de Thodure jouiront des droits d’usage, parcours, pâquérage et aiguage aux lieux appelés Chapeyzole et Belzea et maintient dans leurs possessions les tenanciers de Chapeyzole (qui est situé dans le Chambaran de Viriville) : elle fixe les limites de ce canton, règle les droits respectifs des deux seigneurs sur le Mas appelé le Contant et adjuge en toute propriété au Seigneur de Viriville la septième partie de Chambaran assis sur le territoire de Viriville, qui était réclamée par le Seigneur de Thodure au moyen d’un remplacement qui fut accordé à ce dernier : et quod pro jure quod Dominus Montiscanuti habeat in nemore de Chambaran, sito in Mandamento Viriville, videlices, septimam partem, quam dicebat dictus Dominus Montiscanuti sibi pertinere, remaneat Domino Viriville et la recompensationem dictœ septimœ parties etc.

Elle règle encore différents droits entre les deux Seigneurs et se réfère à deux actes précédents ; l’un reçu Messey, le jour de Saint-Urbain 1296 ; l’autre par Dupuy, le Dimanche après l’Octave des Apôtres Saint Pierre et Saint Paul 1278.

            Cette sentence fut approuvée par Aymard, Seigneur de Bressieux, à la requête du Seigneur de Viriville, en tant que la chose pouvait toucher le Seigneur de Bressieux ; ce qui, joint à l’hommage du 11 mars 1361, prêté au Seigneur de Bressieux par Falcoz de Montchenu, Seigneur de Thodure, pour tout ce qu’il possédait dans le Mandement de Viriville, fait présumer que cette terre était dans la mouvance des Seigneurs de Bressieux et non dans leur patrimoine ; elle y rentra cependant dans la suite, puisqu’en exécution d’un Arrêt du Conseil Delphinal du 30 mai 1391, qui ordonnait la mainmise delphinale de la septième partie de la totalité de la Terre de Bressieux, le Commissaire député prit possession pour le Roi Dauphin, de la septième partie de la Terre de Viriville comme de celle de Bressieux ; et pour lors cette terre fut dans la mouvance immédiate du Dauphin. Jordanne de Roussillon, Dame de Bressieux, le reconnut ainsi par la donation qu’elle fit de la Terre de Viriville à Marie de Roussillon sa nièce ; elle lui imposa la condition de la reconnaître en fief du Dauphin.


            Quoi qu’il en soit de l’ancienne mouvance de cette Terre, il est démontré par les actes que nous venons de rapporter, qu’elle ne fit jamais portion du domaine Delphinal et qu’il existait dans son territoire un canton de Chambaran appartenant en toute propriété aux Seigneurs de cette Terre, qui concédèrent des usages à leurs Habitants.

            S’il était nécessaire d’ajouter à la preuve de ces actes, nous y joindrions celui du dernier février 1613, par lequel Jacques de Grolée, Seigneur de Viriville, concéda à Gabriel de Montchenu, Seigneur de Thodure, dans le canton de Chambaran riere le Mandement de Viriville un nouvel étang formé par les eaux du ruisseau de Chambaran, ayant sa source au Mandement de Viriville.

Ce site sur la forêt française et les Chambaran a été créé en octobre 2007 et actualisé le 09/11/2007

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