Montfalcon

Par Doudart de Lagrée, procureur général du roi en la chambre des comptes de Grenoble, 1778

 

            Cette Terre qui joint celle de Montrigaud, est le dernier confin du couchant du Mandement de Roybon.

            Elle ne porta pas toujours le nom de Montfalcon ; elle était appelée les Loives : nous en avons la preuve dans la charte contenant les privilèges de Montrigaud, données aux Loives auprès de Roybon. Elle appartenait aux Templiers. Après la destruction de cet Ordre, elle passa à l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem et c’est de ses maîtres qu’elle reçut le nom de l’Hôpital de les Loives. Le Mas de Chazalet, inféodé à Guigues Vehier en 1299, est déclaré exister dans le Mandement de Roybon et être confiné par les Terres de l’Hôpital de les Loives et par un petit chemin d’où l’on allait de Notre-Dame-des-Loives jusqu’à Saint-Antoine.

            Il y eut plusieurs contestations entre les Dauphins et l’Ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem ; elles furent terminées par un traité du 19 avril 1317, portant échange, par lequel l’Ordre céda au Dauphin Jean ce qu’il possédait à Beaurepaire, à la Valdore etc. ; et le Dauphin donna en remplacement, entre autres choses, tous les droits de vingtain, civérages, chevalages et de moissons qui lui appartenaient aux Loives et au Laric.

La juridiction de ces deux terres fut réglée à l’instar de celle de Saint-Paul près Romans ; c’est à dire qu’il fut convenu qu’elle serait exercée en commun par des Officiers nommés par le Dauphin et le Commandeur des Loives ; toutes condamnations et échutes au-dessous de 7 sous 6 deniers, devaient appartenir au Commandeur et toutes celles de plus grande somme devaient être partagées. Le Dauphin se réserva la punition des homicides, viols, incendies et sacrilèges ; mais il fut dit, que les Officiers delphinaux ne pourraient faire les procédures et exécution à raison de ces crimes, que hors des territoires de Laric et des Loives. Les village et territoire des Loives furent mis sous la protection et sauvegarde du Dauphin, et à raison de ce furent confiés à la garde et défense du Châtelain de Montrigaud ; il accorda aux Habitants des Loives et de son territoire, les droits de parcours et de pâquérages dans toute l’étendue des Mandements de Montrigaud de Roybon.

            Il est dit dans cet acte, que tous les biens à raison desquels l’Ordre de Malte traitait, avaient appartenu aux Templiers et lui avaient été adjugés par l’Eglise Romaine.

            Les guerres qui existaient entre les Dauphins et les Comtes de Savoie, exposaient les Habitants à de fréquentes dévastations, incendies et massacres. Pour mettre ceux des Loives, qui étaient épars, à l’abri des incursions, il était nécessaire de les rassembler, et de les mettre en état de se défendre ; c’est dans cet objet qu’il fut fait un nouveau traité, le 26 février 1327, entre le Dauphin et le Commandeur de Saint-Paul, du Laric et des Loives. Le Commandeur s’obligea de faire construire un fort à ses frais, dans la Paroisse et Juridiction des Loives, sur le Molard, appelé Montfalcon, dans lequel les Habitants seraient obligés de se retirer et d’y construire des maisons. Il fut convenu qu’il serait établi en commun, dans le territoire des Loives ou de Montfalcon, un Officier qui exercerait la Justice au nom du Dauphin et du Commandeur ; que ce dernier serait tenu, ainsi que les Habitants, de prendre les armes pour la défense du pays, mais qu’ils ne pourraient être obligés d’aller faire la guerre hors du Dauphiné. La punition des crimes d’homicide, viol, incendie et sacrilège réservée au Dauphin seul par le traité de 1317, est remise en commun, pour être exercée sur le territoire des Loives ou Montfalcon et pour le surplus, le traité de 1317 est confirmé en son entier.

            Le changement du nom des Loives en celui de Montfalcon et l’identité de ces deux noms pour signifier le même lieu, le même Mandement, la même juridiction, sont évidemment établis par l’acte de 1327. Les Loives prirent le nom de Montfalcon, de celui de l’endroit où fut construit le Château pour la défense des Habitants. Dans toutes les clauses de cet acte qui est fort long, on ne nomme jamais Montfalcon sans rappeler les Loives : Montisfalconis, feu Parochiœ et territorii Loiviarum.

            Les deux actes de 1317 et 1327 qui règlent les droits du Dauphin et du Commandeur sur le territoire des Loives et de Montfalcon, démontrent clairement que le Dauphin n’y possédait que la juridiction en paréage, la moitié des échures de la juridiction au-dessus de 7 sous 6 deniers, avec un droit de garde ou protection ; il n’y avait aucune autre propriété ; donc le Forêt Delphinale de Chambaran ne pouvait s’étendre sur le territoire de Montfalcon, anciennement appelé les Loives.

Ce site sur la forêt française et les Chambaran a été créé en octobre 2007 et actualisé le 09/11/2007

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